Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ensemble, et je fournirai aux frais de la route. » Quand ils furent arrivés à Péking, cet homme entendit parler pour la première fois de la religion chrétienne ; il voulut se faire instruire, et dès lors il manifesta le désir de l’embrasser. Le bon Dieu lui rendit ainsi au centuple le prix de sa bonne action.

« Le 17 décembre, à dix heures du soir, nous montâmes sur une barque de Macao, pour aller joindre celle du Fokien, qui devait nous attendre à quelque distance de la rade : nous concertâmes fort mal nos mesures, on eût dit que nous n’avions d’autre dessein que de nous faire prendre. Nous fûmes deux jours à explorer et à louvoyer de côté et d’autre, sans pouvoir rencontrer notre barque ; nous étions déjà en route pour revenir à Macao, lorsqu’elle parut. Quelques matelots profitèrent de cette circonstance pour nous voler. On se plaignit, on fit des recherches, mais tout cela inutilement. Les matelots se plaignirent à leur tour. Ils exigèrent réparation d’honneur ; ils voulaient qu’on leur donnât un billet en bonne forme, certifiant qu’ils étaient d’honnêtes gens et que l’on était content d’eux. Il fallut absolument en passer par là, de crainte qu’il ne nous arrivât pis encore par la suite. La difficulté était de les satisfaire, sans cependant blesser la vérité. Il fut convenu que l’un de nous, qui n’avait point été volé, témoignerait en son privé nom qu’il n’avait point à se plaindre de la probité de l’équipage ; l’affaire fut ainsi terminée.

« Le 19 ou le 20, nous montâmes à bord de notre frêle esquif. Nous étions six missionnaires : deux français, M. Maubant, du diocèse de Bayeux, missionnaire de notre Société, destiné pour le Su-tchuen ; M. Laribe, du diocèse de Cahors, lazariste français, envoyé au Kiang-si ; deux lazaristes portugais, du diocèse d’Evora, qui allaient au Kiang-nan ; un franciscain italien, du diocèse de Naples, missionnaire de la Propagande, pour le Chang-si ; et moi qui allais je ne sais où, car je n’étais guère sûr de mon fait. Il y avait un autre ecclésiastique chinois de la province de Canton ; il prit sa route par terre jusqu’à Fougan.

« Notre barque était fort incommode ; mais l’équipage nous traita avec beaucoup d’égards et d’honnêteté : le capitaine, le subrécargue, le pilote et quelques matelots étaient chrétiens ; les autres païens.

« Notre voyage fut long, ennuyeux, pénible et quelquefois dangereux. La distance de Macao à Fougan, résidence de l’évêque du Fokien, n’est pas de deux cents lieues : on crut que l’on