Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/360

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« À l’âge de quatorze ans, elle put s’approcher pour la première fois du tribunal de la Pénitence. Elle fit connaître au prêtre son projet de garder la virginité. Celui-ci tâcha de la dissuader, en lui montrant les dangers de cet état ; il lui ordonna même d’abandonner son dessein et de se marier. L’année suivante, elle déclara à ce même confesseur qu’elle persistait dans ses idées. Le prêtre alors lui donna le choix, ou de se rendre à ses avis, ou de ne pas recevoir la communion. Barbe n’ayant pas prêté assez d’attention à la parole du confesseur, s’approcha des sacrements, mais ensuite réfléchissant sur le choix qui lui avait été proposé, et reconnaissant qu’elle s’était trompée, elle se mit à pleurer et fut longtemps inconsolable. À l’âge de seize ans elle fut demandée en mariage par un païen. Celui-ci, après avoir épuisé tous les moyens légitimes pour arriver à son but, essaya plusieurs fois d’enlever Barbe par force. Ses parents et ses frères furent à cette occasion exposés à toute sorte d’outrages. La voyant dans une situation extrêmement périlleuse, ils s’y prirent de toutes les manières pour ébranler sa résolution ; ils lui proposèrent, en échange, d’épouser un jeune chrétien du voisinage ; ce fut en vain, Barbe demeura inébranlable. Elle reprenait son père et ses frères de leur peu de courage : « Comment,» disait-elle, « vous ne voulez pas me défendre contre les insultes de ces païens ? laissez-moi seule, j’irai où je voudrai, et Dieu sera avec moi. » Un jour que les païens accouraient pour l’enlever, elle s’enfuit dans les montagnes. Les ravisseurs ne la trouvant pas, tournèrent toute leur fureur contre son père et ses frères. L’un de ceux-ci, après avoir été accablé d’injures et de mauvais traitements, se mit à la recherche de sa sœur. Toute la nuit il appela Barbe à grands cris. Celle-ci reconnut bien la voix de son frère, mais craignant qu’il ne voulût la trahir, elle n’osa sortir de sa cachette. Le matin seulement, elle se montra, et consola son frère qui pleurait de joie ; il avait craint que sa sœur n’eût été dévorée par le tigre. Il la conduisit ensuite à sa mère plongée dans la plus grande douleur. Barbe était toute radieuse et répétait : « Il n’y a pas de mal, pourquoi vous désolez-vous ? Tout vient à bien à ceux que le bon Dieu protège. » Une autre fois encore, elle fut obligée de chercher son salut en se cachant dans les montagnes. Enfin, elle abandonna la maison paternelle, et émigra dans une autre province.

« Après ces vexations, Barbe eut à soutenir des luttes bien plus terribles encore, et sa constance ne fit que s’affermir. Trois fois on lui refusa les sacrements ; elle s’y présenta une quatrième