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CHAPITRE VII.

Tentative inutile de MM. Maistre et Jansou. — M. Maistre pénètre enfin en Corée. — Mort de Mgr Ferréol.


L’année 1851 ne fut signalée par aucun incident remarquable. L’administration des chrétiens se fit dans des circonstances analogues à celles que nous avons déjà exposées plusieurs fois, avec les mêmes peines, les mêmes souffrances, et aussi les mêmes consolations. Mgr Ferréol était continuellement en route, malgré l’affaiblissement de sa santé, tous les jours plus mauvaise ; le P. Thomas lui-même ne résistait que difficilement aux fatigues et aux privations. M. Daveluy, trop malade encore pour faire la visite des chrétiens, restait chargé des jeunes gens qui formaient le séminaire de la mission.

Au mois de septembre, ayant à régler diverses affaires importantes avec le vicaire apostolique, M. Daveluy vint le trouver à Séoul et passer quelques jours avec lui. Voici comment, dans une lettre à sa famille, il parle de ce petit voyage : « Monté sur une vache à moi appartenant, je pris mon vol vers la capitale, comme un gentilhomme de premier ordre, et en quelques jours j’arrivai auprès de Monseigneur. Sa Grandeur habite une maison passable, avec un petit jardin, dans lequel, selon l’usage du pays, il n’y a pas trace d’allées pour se promener. Tout y est pêle-mêle, et dans le plus beau désordre possible. Là, je ne me trouvais plus seul, et je pus avoir un peu plus de distractions ; mais surtout je m’en suis permis une que vous ne serez pas fâchés, peut-être, d’entendre raconter tout au long. J’ai été voir la sortie de Sa Majesté le roi de Corée. Pour examiner tout en détail, je suis allé, malgré mon visage hétérodoxe, attendre sur le bord de la grande route, et j’ai contemplé le cortège de près. D’abord il faut dire que les rois de ce pays ne sortent pas quand ils veulent ; tout est prévu et organisé d’avance. De plus, ils doivent avoir le cortège exigé par la coutume, et ne se montrer qu’en grande pompe. Dès la veille, des soldats se réunissent dans les environs du palais, afin de garder la résidence royale pendant l’absence du prince et de faire une police plus sévère que de coutume ; des tentes sont dressées à cet effet. Sa Majesté devant partir au point du jour, pendant la nuit ou de grand matin, tout se prépare au palais.