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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/43

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Siam. « Excellence, me dit-il (on donne ce titre aux évêques portugais), vous ne pouvez pas célébrer la messe avec une telle robe, les chrétiens en seraient scandalisés. — Que faire ? je n’en ai pas d’autre. — Il faut en acheter. — Je n’ai pas d’argent. — On vous fera crédit. — Et quand pourrai-je restituer ? — Plus tard. — Je crois que je ne le pourrai jamais ; je réserve le peu d’argent qui me reste encore, pour des besoins plus pressants. J’aime mieux être mal habillé que de mourir de faim. » On n’agréa pas mes excuses ; le catéchiste du lieu me prêta ses habits de cérémonie.

« Le 18, M. Castro, vicaire général du diocèse de Nanking, vint à ma rencontre dans le domicile où je venais de me fixer. Je le priai de me procurer un courrier. Il me répondit. « Cela m’est impossible, je ne peux pas en trouver pour moi-même. Je dois aller dans le Chang-tong, j’ai déjà envoyé mes effets dans cette province, mais je ne puis trouver un homme qui veuille m’accompagner. Je suis obligé de faire venir mes guides du Che-ly. » Un saint vieillard qui avait voyagé dans toute la Chine, me promit de m’accompagner si je pouvais trouver un autre courrier qui entendît mon langage. J’écrivis donc à Péking pour rappeler Joseph auprès de moi.

« Le 23, je me séparai de M. Castro. On craignait, non sans fondement, que la réunion de plusieurs missionnaires européens ne fît naître des soupçons aux paysans qui étaient dans le voisinage. Je fus avec un prêtre chinois dans un hameau où il y avait quelques chrétiens…

« Le 1er juin, je reçus la visite d’un prêtre ; il venait pour me prier, au nom d’une dame chinoise, de ressusciter la fille de celle-ci, morte depuis deux mois, ou du moins de prier pour le repos de son âme. Je répondis que je promettais bien de prier pour la défunte, mais que je ne pouvais point promettre de la ressusciter. Dieu seul fait les miracles ; les hommes, quelque saints qu’ils soient, ne sont que ses instruments.

« Le 26, Joseph arriva au Kiang-nan ; il avait vu à Péking le seul Coréen chrétien qui se trouvât à la suite de l’ambassadeur. Il lui remit ma lettre, qui apprenait aux Coréens qu’ils avaient des missionnaires, un évêque, et que j’étais déjà en route pour aller à eux. Ce chrétien fut frappé d’une nouvelle si peu attendue, il dit quelques mots qui montraient sa satisfaction particulière ; mais, dans le fond, il témoigna moins de contentement que de surprise. Il ajouta, en terminant la conférence, que, pour lui, il favoriserait mon entrée ; mais qu’étant seul, il ne pouvait rien