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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/584

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contrebande, et de nous arranger avec une d’entre elles pour nous faire conduire à Tche-fou. J’omets le récit de notre traversée qui fut longue et difficile, à cause des alternatives de calme plat et de vent contraire. Nous sommes arrivés à Tche-fou le 26 octobre. On vient de nous apprendre que le Primauguet est attendu de Corée pour le 5 novembre ; il vient chercher les dépêches. Nous espérons profiter de son départ pour rentrer dans notre mission, qui nous est plus chère encore depuis que nous en sommes exilés. »

Revenons maintenant à l’expédition, et donnons d’abord le récit officiel qui en a été publié par le gouvernement. On lisait dans le Moniteur du 27 décembre 1866 :


« Le ministre de la Marine et des Colonies a reçu du contre-amiral Roze, commandant en chef la division navale des mers de Chine, des dépêches annonçant la prise de Kang-hoa, ville fortifiée située au nord de l’île de ce nom, et à l’embouchure du fleuve sur les bords duquel se trouve Séoul, capitale de la Corée.

« Parti de Tche-fou le 11 octobre, avec la frégate la Guerrière, les corvettes à hélice le Laplace et le Primauguet, les avisos le Déroulède et le Kien-chan, les canonnières le Tardif et le Lebrethon, le contre-amiral Roze mouillait le 13, avec sa division, devant l’île Boisée, à 18 milles de Kang-hoa. Le lendemain, les canonnières remontèrent la rivière Salée (détroit de Kang-hoa), remorquant les embarcations qui portaient les compagnies de débarquement de la Guerrière et des corvettes, ainsi qu’un détachement des marins-fusiliers du Yokohama. À peine débarqués, nos marins occupèrent les hauteurs sans rencontrer la moindre résistance, et campèrent à 5 kilomètres de Kang-hoa. Le 15, une reconnaissance fut exécutée par une colonne commandée par M. le capitaine de frégate comte d’Osery ; arrivée près d’un fort qui domine la ville, elle fut accueillie par un feu bien nourri de mousqueterie et par celui de deux canons de petit calibre. Après un engagement de quelques minutes, le fort fut occupé, et les Coréens s’enfuirent, laissant un drapeau entre nos mains.

« Le 16, dès huit heures du matin, le contre-amiral Roze, à la tête de toutes ses forces, se présentait devant la ville, qu’entourait une muraille crénelée de 4 mètres de hauteur. Parvenues à une centaine de mètres de la porte principale, nos troupes furent reçues par une fusillade assez vive : mais la muraille fut bientôt escaladée au cri de : Vive l’Empereur ! et l’ennemi nous laissa maîtres de la place.