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résultat de ses conférences avec les Coréens ; il m’apporta plusieurs lettres, et entre autres la suivante :


« Nous pécheurs, Sébastien et les autres, nous écrivons cette lettre :

« Le grand maître (l’évêque de Capse), par la faveur du Seigneur suprême et de la sainte Église, s’est chargé de prendre soin et de paître les brebis de la Corée ; il vient pour cela dans cette obscure mission afin de l’honorer et de lui accorder une faveur au-dessus de son mérite. Sommes-nous dignes d’un tel bienfait ? Outre cela, voltigeant comme un étendard agité par les vents, et courant comme un char, appuyé sur un bâton, excédé de fatigue, il travaille avec activité depuis des mois et des années, mû seulement par un amour abondant, et par les sentiments d’une compassion miséricordieuse envers nous pécheurs. Mais nos ressources sont minces et modiques ; et, parce que les circonstances et les malheurs du temps ne nous permettent point d’aller le recevoir au lieu convenu, nous sommes brûlés de tristesse, nous sommes tout émus, agités et troublés ; c’est pourquoi nous ne savons ce que nous faisons. Mais heureusement notre propre prêtre est venu chez nous, il a été reçu peu honorablement (c’est une phrase orientale), il a répandu ses bienfaits et sa faveur, et aussitôt toutes les âmes ont repris une nouvelle vie ; il a été pour nous comme un flambeau qui répand la lumière au milieu d’une nuit éternelle, et comme celui qui apporte de la nourriture à des malheureux affamés. Nous pécheurs, semblables à des infortunés qui poussent des gémissements, nous avons obtenu ce spécial bienfait ; comment pourrons-nous même partiellement reconnaître un seul bienfait des dix mille que nous avons reçus ? Le temps nous ayant empêchés de venir l’année précédente, prosternés à terre, nous sommes en grande sollicitude, désirant savoir si le grand maître s’est toujours bien porté, s’il jouit de toutes les félicités, et si toutes les personnes qui sont à son service le servent avec joie et en bonne santé.

« Nous pécheurs, nous avons obtenu une miséricordieuse compassion. Notre propre prêtre est nourri en paix, il est conservé avec soin dans la mission. Connaissant le bienfait de bénédiction que nous avons reçu, nous en rendons des actions de grâces infinies.

« Quant à l’entrée du grand maître en Corée, le prêtre (le P. Pacifique) a déjà exposé l’état des choses dans la lettre qu’il