Aller au contenu

Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais comme cette affaire va causer des sollicitudes et des chagrins à l’église (de Péking), nous en sommes fort affligés.

« Quant à nous pécheurs, depuis le moment de notre naissance jusqu’à ce jour, depuis les cheveux du sommet de la tête jusqu’aux talons, nous sommes comblés des bienfaits de la protection de Dieu. Nous lui devons les aliments et même notre existence. En attendant, nous désirons qu’il daigne nous bénir du commencement jusqu’à la fin, qu’il protège notre grand maître, et qu’il le comble de toute espèce de félicités. »


« Ce projet, ce ne sont pas les Coréens qui l’ont imaginé : il leur a été suggéré par le P. Pacifique pour pouvoir se passer de moi. Ce prêtre chinois, bien loin de me préparer les voies et d’être mon précurseur, comme on me l’avait fait espérer, est au contraire, pour divers motifs que je commence à soupçonner, le plus grand obstacle à l’accomplissement de ma mission. Il ne me regarde pas même encore comme son évêque, ainsi qu’il paraît par les lettres qu’il a adressées à Mgr de Nanking et à moi-même. Dans la lettre à l’évêque de Nanking, il l’appelle son supérieur, son pasteur et son père, il lui demande sa bénédiction, il parle de l’érection d’un séminaire coréen à Péking, où il veut envoyer des élèves que Son Excellence ordonnera prêtres, etc… Il lui rend compte de son administration, et le consulte sur tout ce qui regarde la mission. Dans la lettre qu’il m’écrit, il se contente de me conseiller de revenir sur mes pas et de renoncer à entrer en Corée. Joseph donna à son tour aux Coréens une très-longue lettre que j’avais écrite dans les premiers jours de janvier. J’avais développé, dans cette lettre, tous les motifs qui devaient les engager à me recevoir ; je faisais valoir toutes les raisons tirées de la gloire de Dieu, de leurs propres intérêts et de ma propre position. Je leur disais, en terminant : « Quelle que soit votre détermination, je suis résolu d’accomplir la mission qui m’a été confiée par le Vicaire de Jésus-Christ. Je me rendrai aux frontières de la Corée dans le courant de la onzième lune ; je frapperai à votre porte et je verrai par moi-même si, parmi tant de milliers de chrétiens, il s’en trouvera au moins un qui ait assez de courage pour introduire l’évêque qu’ils ont eux-mêmes demandé, et que le Ciel leur a envoyé dans sa miséricorde. »

« Les Coréens lurent cette lettre avec beaucoup d’attention ; je ne saurais dire au juste quelle impression elle fit sur leur esprit ; ils dirent seulement qu’elle était forte. Ce qui les frappa le plus, ce fut un décret du Souverain Pontife qui menace d’ex-