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LA TRAHISON PUNIE,


Scène III.

D. JUAN, LÉONOR, JACINTE.
D. JUAN.

CEt ordre du retour ne me peut ſembler doux,
Si je n’en reçois pas un ſemblable de vous.

LÉONOR.

Seigneur, je n’ai point d’ordre à vous donner.

D. JUAN.

Seigneur, je n’ai point d’ordre à vous donner.Madame,
Je parts, & je crois voir dans le fonds de vôtre ame.

LÉONOR.

On pénétre aiſément les ſentimens d’un cœur,
Qui n’a jamais apris l’art de feindre, Seigneur.

D. JUAN.

Ces ſentimens pour moi ſont fâcheux à connoître.

LÉONOR.

Avec prévention vous en jugez, peut-être.

D. JUAN.

Vos troubles, vos chagrins peuvent-ils m’abuſer ?

LÉONOR.

Vôtre éloîgnement ſeul ne peut-il les cauſer ?

D. JUAN.

Mon éloîgnement ! non. Mes feux en vain s’en flâtent.
Ces troubles, ces chagrins depuis tantôt éclatent,
Et le plus ſûr moien de les faire finir,
Seroit de m’éloigner pour ne plus revenir.