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COMÉDIE.

LÉONOR.

De la haine ? au contraire, il me fait de la peine,
Je le plains.

JACINTE.

Je le plains.En cela nous ſommes de moitié :
Plaignons-le, d’accord, mais n’en aions pas pitié.

LÉONOR.

Ne crains pas qu’a ce point je pouſſe la foibleſſe.

JACINTE.

Il faut faire une fin pourtant, tout vous en preſſe,
Le tems de cette abſence eſt autant de gagné ;
Mais des deux prétendans quand l’un eſt éloigné,
De cet éloignement ſi l’autre ne profite,
Et ſi rien au retour n’eſt fait, garre la ſuite.

LÉONOR.

Quoi donc, à ce retour que veux-tu qui ſoit fait ?
Explique-toi, Jacinte.

JACINTE.

Explique-toi, Jacinte.Un bon himen ſecret ;
Faute de quoi, Madame, il ne faut pas s’attendre…

LÉONOR.

Oh ! C’eſt ce que ſur moi je ne puis jamais prendre.

JACINTE.

Oh ! bien moi, qui ſuis moins ſcrupuleuſe que vous,
Je me charge de tout, à tout je me réſous,
Laiſſez-moi faire, allez

LÉONOR.

Laiſſez-moi faire, allezTu n’es vraiment pas ſage.

JACINTE.

Tout le riſque eſt pour moi, pour vous tout l’avantage,
Et je ne me plains pas. Il faut que cette nuit
Dans vôtre apartement D. Garcie introduit…

LÉONOR.

Dans mon apartement la nuit, voir D. Garcie ?