Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/132

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le méritez ſi je m’arrêtois plus longtems à l’ironie, je reprens mon ſérieux pour repondre à ce qui ſuit.

Il peut y avoir dans le monde quelques femmes dignes d’être écoutées d’un honnête homme, mais eſt-ce d’elles en général qu’il doit prendre conſeil, & n’y auroit il aucun moyen d’honnorer leur ſexe, ſans avilir le nôtre ?

Point de Pyrronisme ; non ſeulement il peut y avoir, mais il y a des femmes dignes d’être écoutées d’un honnête homme. Il y a beaucoup plus de femmes vertueuſes que d’hommes vertueux, c’eſt un fait ; j’en ſuis fâché pour vous & pour nôtre ſexe ; mais il n’eſt que trop certain que le mérite & la vertu des femmes nous aviliſſent, & ſi vous y regardez à deux fois, vous ſerez contraint de m’avouer qu’il n’eſt pas moins étonnant qu’il y ait un ſi grand nombre de femmes eſtimables avec le peu d’éducation qu’on leur donne en général, qu’il eſt ſurprenant de voir ſi peu d’hommes eſtimables avec l’éducation qu’ils reçoivent. Je ſçai bien que vous pourriez pour juſtifier vôtre opinion, nous mettre au niveau des femmes par raport à l’éducation : il vous ſeroit facile de prouver que celle qu’on nous donne ne vaut gueres mieux que celle que les femmes reçoivent. On ne nous montre pas la Vertu dans les Colléges ; mais le Grec & le Latin ; c’eſt moins à nous rendre honnêtes gens que l’on penſe qu’à nous donner un peu d’esprit & quelque vernis de ſavoir : cependant cette raiſon ne juſti-