Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/15

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ſur la ſcene leur impoſoit le devoir de les proſcrire, & comment ne l’auroient ils pas fait ? Voyez ce que dit Tertullien :

» N’allons point au Théatre qui eſt une aſſemblée particuliere d’impudicité où l’on n’approuve rien que l’on n’improuve ailleurs, de ſorte que ce que l’on y trouve beau, eſt pour l’ordinaire ce qui eſt de plus vilain & de plus infâme ; de ce qu’un Comédien par exemple y jouë avec les geſtes les plus honteux & les plus naturels ; de ce que des femmes oubliant la pudeur du ſexe, oſent faire ſur un Théatre & à la vuë de tout le monde, ce qu’elles auroient honte de commettre dans leurs maiſons ; de ce qu’on y voit un jeune homme s’y bien former & ſouffrir en ſon corps toutes ſortes d’abominations dans l’eſpérance qu’à ſon tour, il deviendra maître en cet art déteſtable &c.

Croyez vous M. que ſi les ſpectacles du tems de ces Sts. hommes euſſent reſſemblé à ceux d’aujourd’hui ils ſe ſeroient élevés ſi fort contre eux & qu’ils n’auroient pas été de l’avis de St. Thomas, qui dit d’après St. Auguſtin : Je veux que vous vous ménagiez, car il eſt de l’homme ſage de relacher quelque fois ſon eſprit appliqué à ſes affaires. Cet Ange de l’Écôle indique enſuite l’eſpece de plaiſirs qu’il conſeille de prendre. Le relachement de l’eſprit qu’il appelle une vertu ſe fait, dit-il, par des paroles & des actions divertiſſantes : » or qu’y a-t-il de plus particulier à la Comédie, dit un habile