Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ſpectacles on n’entend ordinairement que ceux où des Auteurs ingénieux s’efforcent de punir le vice & de faire aimer la vertu, des Tragédies & des Comédies & non pas tous les autres ſpectacles frivoles qui ne font rien pour le cœur ni pour l’eſprit : on peut donc alors avancer la queſtion & conclure en faveur des ſpectacles. La Tragédie & la Comédie ſont bonnes aux hommes en général, & je ne ſuis de vôtre avis qu’en partie ſur l’influence des religions, des gouvernemens, des loix, des coutumes, des préjugés & des climats ſur les ſpectacles.

Térence & Moliére ont eu le même objet, ils ont offert des ſpectacles de même eſpece à des peuples différens par les loix, les mœurs, le gouvernement & la Religion. L’Andrienne de Baron n’a pas fait moins de plaiſir à Paris que celle de Térence à Rome. Les ſcenes que Moliére emprunta de Plaute étoient faites pour les hommes en général. Le Théatre comme toutes les autres productions de l’eſprit humain, a eu des commencemens foibles. Les tragédies de Sophocle & d’Euripide ſont aſſurément bien différentes des chanſons bachiques de Theſpis.

Ménandre fut plus ſage qu’Ariſtophane, Térence beaucoup plus décent & plus naturel que Plaute, Moliére plus ſage & plus décent que tous les quatre. Il donna dans le Miſantrope un modele de ſpectacle tel qu’il doit être pour être bon à tous les hommes en général.