roit dû vous convertir ; mais l’amour propre eſt difficile à vaincre. Paſſons maintenant à des reproches plus graves & plus déshonnorans dont il vous plait de noircir les Comédiens : les voici.
I. Les gens de ſpectacle des deux ſexes, ſont ſi récalcitrans & ſi libertins qu’il eſt impoſſible d’imaginer & d’établir des loix capables de les contenir.
II. Les Comédiens font métier de ſe contrefaire, & s’il eſt parmi eux quelques honnêtes gens, ils auroient horreur de reſſembler aux perſonnages qu’ils repréſentent quelquefois, donc il eſt honteux pour eux de ſe charger de ces rôles, & l’obligation dans laquelle ils ſont de ſe contrefaire, les avilit.
III. Ils ſont habitués au ton de la galanterie, ils jouent quelquefois des rôles de fripons, donc ils abuſeront de leur talent dans l’un ou l’autre genre, pour ſéduire de jeunes perſonnes, ou pour voler de vieilles dupes, ou des jeunes gens de famille qui auront quelque commerce avec eux.
IV. Une preuve de leur baſſeſſe, c’eſt que les moindres Bourgeois rougiraient de les admettre en leur compagnie.
Je répons à cela, que quelque libertins, quelque récalcitrans que ſoient les hommes contre les loix, en les ſoutenant avec vigueur on les fera reſpecter des plus mutins. Les Théatres au lieu d’être réſervés à d’honnêtes gens éxcluſivement, ſemblent être redevenus le refuge du libertinage.