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L. H. DANCOURT

ſoit. De cette façon on purgera le Théatre d’un nombre infini de ſujets qui aviliſſent le ſpectacle, dégoûtent le Public & éloignent de ce parti bien des honnêtes gens qui ne rougiroient pas de le prendre, ſi l’aſſociation de pareils Confreres ne juſtifioit l’opinion que bien des gens ont conçue contre tous les gens de Théatre.

J’indique encore bien d’autres moiens pour prévenir tous les abus qu’on a pû jusqu’à préſent reprocher avec juſtice au ſpectacle & vous avouerez peut-être, qu’en ſe bornant aux moiens que j’indique ici, les Comédiens ſeroient forcés de tenir une conduite regulière : alors n’aiant plus de reproches à leur faire, à quel titre les mepriſeroit on ?

Mais, direz vous, leur vertu ne ſera qu’apparente : la crainte des chatimens, de l’infamie & de la pauvreté ſeront les motifs de leur bonne conduite ; au fonds ils n’en auront pas le cœur moins corrompu. Ce ſoupçon peu charitable peut être fondé au moment de l’établiſſement des loix que je propoſe : les Comédiens dont la conduite n’aura pas été reguliere jusqu’alors pourront bien ne ſacrifier qu’à la crainte leurs mauvais déportemens ; mais au moins ne donneront ils plus de mauvais exemples aux nouveaux Comédiens, & ceux ci à qui les places ne ſeront accordées déſormais qu’en conſéquence de leur éducation, & de leur bonne conduite ne pourront être taxés d’hypocriſie : habitués à bien vivre les loix prescrites aux gens de ſpectacle