Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
L. H. DANCOURT

Martire de quelque Saint : devenus moins devots & plus avares, ils affermèrent leur Théatre à des Farceurs infâmes, on leur reproche quelque part à eux mêmes d’avoir allié des ſpectacles impudiques & des ſcenes lascives aux objets les plus dignes de vénération.

L’Égliſe s’éleva avec raiſon contre des abus ſi ſcandaleux ; elle excommunia non ſeulement les Comédiens, mais encore les ſpectateurs. L’objet de l’excommunication n’étoit pas ſans doute de proscrire les ſpectacles décens & raiſonnables ; mais ſeulement ceux qui n’offroient aux yeux qu’un mélange des choſes ſaintes avec les plus ſcandaleuſes, & des prophanations auſſi choquantes pour la raiſon, que contraires à la pureté des mœurs.

Si les ſpectacles ont eſſuié la même révolution à Paris que dans l’ancienne Rome, s’ils ont été ſacrés dans leur origine, & s’ils ſont devenus impudiques dans la ſuite, il n’eſt pas étonnant qu’ils aient été autoriſés, reſpectés & honnorés lors de l’Établiſſement : il eſt encore moins ſurprenant qu’ils aient été fletris lorsqu’ils ſont devenus l’École de l’infamie & de l’impureté : plus on prouvera que la proſcription des Acteurs fut légitime alors, plus on établira les droits de ceux du tems préſent à l’eſtime publique & à la ſociété. Vous avez trop ſenti que la profeſſion des Comédiens d’aujourd’hui vous donnoit peu de priſe contre eux ; il a fallu que vous alliez fouiller dans leur conduite particuliere de quoi vous autoriſer à dire du mal de leur état : il ſe peut