rale qu’il fait quelque fois dans le cœur des hommes une réformation que la Religion ni la philoſophie n’ont pû faire. C’eſt un troiſiéme moyen d’inſtruire les hommes & de les corriger que la Providence a peut être voulu joindre aux deux premiers pour aider les hommes à ſe rendre dignes de ſa miſéricorde, & qui ſera tout auſſi reſpectable que les autres quand on l’aura purgé de l’Anatême & qu’on aura corrigé quelques abus qui marchent encore à ſa ſuite. Rappellez vous M. quels applaudiſſemens on donne généralement à cette tirade d’Arlequin ſauvage que voici.
Je penſe que vous êtes fous, car vous cherchez avec beaucoup de ſoins une infinité de choſes inutiles, vous êtes pauvres, parce que vous bornez vos biens dans l’argent, ou d’autres diableres, au lieu de jouir ſimplement de la nature comme nous, qui ne voulons rien avoir, afin de jouir plus librement de tout. Vous êtes eſclaves de toutes vos poſſeſſions, que vous preférez à vôtre liberté & à vos frères que vous feriez pendre s’ils vous avoient pris la plus petite partie de ce qui vous eſt inutile. Enfin vous êtes des ignorans, parce que vous faites conſiſter vôtre ſageſſe à ſavoir les loix, tandis que vous ne connoiſſez pas la raiſon qui vous apprendroit à vous paſſer de loix comme nous.
Je puis vous proteſter, moi qui ſuis Arlequin, & qui par conſéquent puis vous ſommer de vous en rapporter à mon expérien-