Je vous le dis, ma ſœur, tout ce train là me bleſſe,
Car c’eſt, comme j’ai dit, à vous que je m’adreſſe.
Appellerez vous tout cela de l’eſprit, du ſtile fleuri, des épigrames, de la galanterie. Non ſans doute ; on n’y peut voir qu’un ſtile ſimple, uni, & ce que tout homme ſenſé diroit à la place de Chriſale : il ne ſe ſert pour expliquer ſa penſée que des expreſſions les plus ſimples & les plus communes au lieu d’employer de belles phraſes comme vous ſuppoſez qu’on fait toujours.
J’ai donc trouvé dans Chriſale l’homme que vous n’aviez pas encore vû, ſi ce n’eſt pas ſelon vous, avoir trop d’eſprit que de ne dire que des choſes vraies, ſimples & raiſonnables.
Le troiſiéme reproche de vôtre obſervation n’eſt pas plus difficile à pulveriſer que les deux autres, & je ne vois pas pourquoi l’on n’oſeroit pas mettre ſur la ſcene un homme ſans préjugé qui refuſeroit d’expoſer ſa vie pour ſe vanger d’une inſulte. Le Cocu imaginaire eſt dejà plein de traits qui ſeroient à merveille dans la bouche de vôtre homme, il pourroit dire comme Sganarelle.
Mais mon honneur me dit que d’une telle offenſe,
Il faut abſolument que je tire vengeance.
Ma foi laiſſons le dire autant qu’il lui plaira,
Au Diantre qui pourtant rien du tout en fera.