Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/77

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me un monſtre abominable : mais il changera d’avis après la repréſentation, parce qu’il verra dans Phédre une femme malheureuſe par ſa paſſion, & chez qui la Vertu eſt presqu’auſſi puiſſante que le Vice : elle eſt juſtifiée de la perſécution qu’elle a fait eſſuyer à Hypolite par ces vers où respire la Vertu.

Toi même en ton esprit rappelle le paſſé.
C’eſt peu de t’avoir fui, cruel, je t’ai chaſſé,
J’ai voulu te paroître odieuſe inhumaine,
Pour mieux te reſiſter j’ai recherché ta haine.

. . . . . . . . . . . . . . .


Digne fils du Héros qui t’a donné le jour,
Délivre l’univers d’un monſtre qui t’irrite,
La Veuve de Théſée oſe aimer Hypolite,
Crois moi, ce monſtre affreux ne doit point t’échapper.
Voilà mon cœur, c’eſt là que ta main doit frapper.
Impatient déjà d’éxpier ſon offenſe
Au devant de ton bras, je le ſens qui s’avance
Trappe. &c.

Ce n’eſt point Phédre directement, c’eſt Oenone ſa confidente qui conduit la malheureuſe intrigue qui cauſe la mort d’Hypolite, en un mot ſi l’on ſent de l’horreur pour le crime de Phédre, elle force en même tems le Spectateur d’aimer ſes remords & ſa vertu à l’exemple de ce Prélat ſi célébre par les charmes de ſon éloquence, par la pro-