Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/89

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portiez à ſa perſonne, vous ne devez que juſtice à ſes piéces ; & vous ne ſavez point acquitter vos dettes au dépens du bien public & de la vérité. Ne diroit on pas que vous êtes un de nos Académiciens & que par conſéquent juge éclairé de la Littérature Françoiſe, vous ayez été forcé par état de prononcer contre les écrits de vôtre bienfaiteur, & que les ordres de la Cour vous ayent mis dans le cas d’opter entre le ménagement que vous lui deviez & l’accompliſſement de vos devoirs ? Ne diroit on pas qu’honnoré de la place de Cenſeur public, vous ayez dû rendre compte au Miniſtère des ouvrages de M. de Crebillon ? Ne diroit on pas enfin que le Public vous ait fait le dépoſitaire de ſes intérêts ; & que prévenu pour vos lumieres il ait renoncé de ſe ſervir des ſiennes & qu’il ait mis ſur vôtre conſcience toutes les erreurs dans leſquelles il peut tomber en matiere de goût ou de ſentiment. Vous n’avez aucun de ces titres ; le Public n’a pas aſſés accueilli vos paradoxes précédens, pour que vous puiſſiez vous flatter de ſa confiance : nulle Autorité ne vous a donné le droit de juger publiquement les ouvrages de M. de Crebillon ou de M. de Voltaire, & l’uſurpation du tribunal n’eſt pas un titre qui doive accréditer vos ſentences : cette uſurpation au contraire ne peut que vous être reprochée comme un ſigne certain de préſomption & d’ingratitude. Le bien public n’exige pas que l’on chagrine les particuliers quand on peut s’en diſpenſer, autrement c’eſt donner