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L. H. DANCOURT

ſiers, les plus impurs, & les blasphèmes même leur font très familiers.

Par omiſſion, parce que les ivrogres à l’aſpect d’une Bouteille, oublient communément leurs affaires, renvoient tout au lendemain & faute de faire le bien qu’ils pourroient, leur intérêt & celui de leur famille en ſouffrent également.

Par action enfin, vous n’ignorez pas que les ivrognes ne ſe piquent pas de pudeur, & ſuivant vous même, ceux qui ont le cœur corrompu font dans l’ivreſſe toutes les mauvaiſes actions qu’ils ſe ſeroient interdites à jeun.

Voiez M. & jugez maintenant ſi Genêve ne gagneroit pas beaucoup à l’établiſſement d’un ſpectacle François, & ſi vous aimez vôtre Patrie comme vous dites ; n’êtes vous pas obligé en conſcience de l’obliger d’en établir un au plus vite, pour prévenir tous les maux qui pouront réſulter de vos Cercles bachiques & médiſans ? Pouvez vous imaginer maintenant que le ſpectacle ſeroit préjudiciable à vôtre République tandis que toutes les autres en tirent de ſi grands avantages : Vous mettez au nombre des reproches que vous faites à la Tragédie, qu’elle ne vous repréſentera que des Tyrans ou des Héros, qu’en avez vous à faire, dites vous : c’eſt ce que tout le monde ſeroit tenté de dire avec vous mais dans un autre ſens. Les Héros de Genêve ne lui ſeroient gueres plus utiles que ſes fortifications : mais ſouvenez vous que vous avez dit qu’il