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de Carle Vanloo.

bles, amis de l’œil & plus capables de plaire que d’étonner. A l’égard de la pratique du pinceau, de la pâte, de la fonte de la couleur, peu de gens l’ont mieux connue : bien peindre étoit un jeu pour lui. Il avoit un ſoin extrême de bien arrondir, de terminer, de rendre tous les détails de ſes ouvrages & d’y rechercher toutes les fineſſes de la Nature. On l’a vû quelquefois ſe livrer à une manière moins caréſſée, contrefaire le ſtile libre & heurté du Rimbran ; mais à l’imitation de ce Maître, il ne s’abandonnoit à l’entouſiaſme des touches, que lorſque les deſſous bien empâtés étoient peints à fond & pouvoient recevoir dans la couleur toute la fougue du pinceau.

C. Vanlo étoit d’une figure intéreſſante & d’une humeur enjouée. Laborieux, dur à lui-même, il travailloit toujours debout & ſans feu, même durant les plus grands froids. Une bonté naturelle, qui corrigeoit ordinairement les ſaillies de ſa vivacité, formoit le caractère de ſon cœur. Il étoit ſincere, ingénu, liant, affectueux. Il vivoit avec ſes Eléves comme avec ſes enfans & avec ſes enfans comme avec ſes amis ; auſſi le chériſſoient-ils les uns & les autres comme