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Irène.

Bon, voilà que vous me grondez, vous, maintenant !

Adolphe.

Oui, je te gronde, là !… Ça n’a pas le sens commun, cette rancune puérile, cette coquetterie, qui te fait jouer avec le bonheur. Tu ne seras contente, je suppose, que quand tout sera perdu ?

Irène, se fâchant.

Oui, naturellement, c’est moi qui ai tort ! Voilà un beau monsieur qui n’a que du dédain pour une pauvre enfant et qui ne se gêne pas pour le crier sur les toits, avec un tact qui lui fait honneur ! Eh quoi ! cette petite a le mauvais goût de s’en apercevoir, de s’en souvenir quand le joli fat juge à propos de changer d’opinion sur son compte ! Il faudrait s’attendrir sur les déceptions d’un égoïste, subjugué malgré lui, et lui dire : « Vous ne m’aimiez pas ?… quel malheur ! Vous m’aimez ? que je suis heureuse ! » Eh bien, non ! Que mon irrésistible cousin cherche ailleurs des victimes dociles !… Qu’il tâche de revenir à sa belle indifférence d’il y a deux ans. Pour moi je ne suis pas prête à le suivre dans ses zigzags sentimentals !

Adolphe.

Bon ! bon ! mais avec tout cela…