entre juillet et septembre, et de la Maremme, et de la Sardaigne, les maux en une seule fosse étaient tous rassemblés, telle elle était là ; et il s’en exhalait une puanteur semblable à celle des membres pourris.
Nous descendîmes sur le dernier bord du long rocher, à main gauche, et alors ma vue pénétra plus avant vers le fond, où, ministre du haut Seigneur, l’infaillible justice punit les falsificateurs, que là elle registre [1]. Je ne crois pas que plus triste à voir ait été, en Egine [2], le peuple tout entier malade, quand l’air devint si pernicieux, que les animaux, jusqu’au plus petit ver, périrent, et qu’ensuite, comme les poètes le tiennent pour certain, l’antique population se reproduisit de la semence des fourmis, — que triste était de voir, dans cette obscure vallée, languir les esprits amoncelés çà et là. Tel sur le ventre, tel sur les épaules d’un autre gisait, et tel à quatre pattes se traînait par le triste sentier. Pas à pas ils allaient sans parler, regardant et écoutant les malades qui ne pouvaient se lever.
J’en vis deux assis, appuyés l’un contre l’autre, comme s’appuient des bassines à tenir chaud, et, de la tête aux pieds, souillés de croûtes.
Jamais je ne vis valet que son maître attend, où celui qui mal volontiers veille, mouvoir l’étrille aussi vite que chacun de ceux-là mouvaient sur soi le tranchant de leurs ongles, à cause de la rage du prurit devenu insupportable : et les ongles en bas raclaient la gale, comme le couteau les écailles du scardove, ou d’un autre poisson qui en ait de plus larges.
« O toi ! dit mon Maître à l’un d’eux, qui te déchires avec les doigts, et parfois en fais des tenailles, dis-nous si parmi ceux d’ici dedans est quelque Latin ; et que les ongles éternellement
- ↑ Alchimistes et faux-monnayeurs.
- ↑ Petite île voisine du Péloponèse. Au temps d’Éaque, une peste, causée par l’infection de l’air, y fit périr tous les hommes et tous les animaux. Selon la Fable, Jupiter, à la prière d’Éaque, transforma en homme les fourmis d’Egine ; d’où vint que les nouveaux habitants de cette île furent appelés Myrmidons.