de toi, tu peux maintenant comprendre le sens de ses paroles. »
Cela fini, la sombre campagne trembla si fortement que le souvenir de mon épouvante me baigne encore de sueur. De la terre trempée de larmes sortit un tourbillon sillonné d’éclairs d’une lueur rouge, lequel m’ôta tout sentiment, et je tombai comme un homme pris de sommeil.
CHANT QUATRIÈME
Un tonnerre horrible rompit dans ma tête le profond sommeil, de sorte que je revins à moi comme quelqu’un réveillé de force : et levé, je jetai alentour mes yeux reposés, et regardai fixement pour connaître le lieu où j’étais.
Je me trouvai sur le bord de l’abîme de douleur, où retentit le tonnerre d’infinis hurlements. Cet abîme était si obscur, si profond, si sombre, que jetant mes regards au fond, je n’y discernais aucune chose.
« Nous descendons maintenant dans le monde ténébreux, dit le Poète, tout pâle : je serai le premier, et tu seras le second [1]. »
Et moi qui m’aperçus de sa pâleur, je dis : — Comment irai-je, si tu t’épouvantes, toi, l’ordinaire soutien de mes craintes ?
Et lui à moi : « L’angoisse de ceux qui sont en bas empreint mon visage de cette pitié que tu prends pour de la frayeur. Allons ! la longue route nous presse. » Ce disant, il entra et me fit entrer dans le premier cercle qui ceint l’abîme.
Là, selon qu’en jugeait, l’ouïe, point de gémissements, mais des soupirs dont frémissait l’air éternel. Et ces soupirs venaient de la tristesse, toutefois sans souffrances [2],