dans la vertu duquel gît l’être de tout ce qu’il contient. Le ciel suivant [1], où se voient tant d’étoiles, distribue cet être entre diverses essences distinctes de lui, et contenues en lui. Les autres cieux [2] disposent pour leurs fins, et comme de semences, des vertus distinctes, par des différences variées qu’ils ont en soi. Ces organes du monde [3], comme tu le vois maintenant, vont ainsi de degré en degré, recevant d’au-dessus, et opérant au-dessous. Regarde bien comment par cette route je vais au vrai que tu désires, afin qu’ensuite tu puisses tenir seul le gué [4]. Comme du forgeron l’œuvre du marteau, des moteurs bienheureux émane la vertu et le mouvement des saintes sphères ; et le ciel, qu’embellissent tant de lumières, de la profonde intelligence qui le meut reçoit l’image et s’en empreint. Et comme dans votre poussière, par divers membres conformés pour diverses fonctions, l’âme s’épand ; ainsi l’intelligence épand sa bonté par la multiplicité des étoiles, se mouvant elle-même dans son unité. Une vertu diverse, pénètre en chacun de ces corps précieux [5] qu’elle anime, s’unit à lui comme à vous la vie. A cause de la nature heureuse d’où elle dérive, la vertu répandue dans le corps brille comme la joie à travers une brillante pupille. D’elle vient la différence qui apparaît entre une lumière et une autre lumière, non de la rareté ou de la densité ; elle est le principe formel qui produit, conformément à sa bonté [6], l’obscur et le clair. »
- ↑ Le huitième.
- ↑ Les sept cieux inférieurs, de Saturne, Jupiter, Mars, etc. Les Scolastiques enseignaient, d’après Aristote, qu’il y avait dans les corps deux principes : l’un matériel, le même en tous ; l’autre formel, divers en chacun, et qu’ils appelaient la forme substantielle, laquelle constituait les différentes espèces, et engendrait les vertus différentes des corps.
- ↑ Les divers cieux qui par leurs mutuelles relations, et l’action propre de chacun d’eux, coopèrent à l’ordre du monde.
- ↑ « Te diriger seul. »
- ↑ « De ces étoiles. »
- ↑ « Selon le degré de sa bonté, de sa perfection ; » ou bien : « selon qu’elle se répand avec plus ou moins d’abondance dans une partie du corps et dans une autre partie. »