Pérouse en pleurent [1] ; en pleure aussi la triste Cléopâtre, qui devant lui fuyant, d’un serpent reçut la mort soudaine et atroce. Avec celui-ci [2] il courut jusqu’à la mer Rouge ; avec celui-ci il mit le monde en si grande paix, que fut fermé le temple de Janus. Mais ce que le signe dont je parle avait fait premièrement, et ce qu’ensuite il devait faire dans le royaume mortel qui lui est soumis, devient en apparence chétif et obscur, si avec une vue claire et un sentiment pur, on regarde ce qu’il fit dans la main du troisième César ; car, dans la main de celui-ci, la vivante justice qui m’inspire lui accorda la gloire d’accomplir la vengeance de sa colère [3]. Ores ici considère bien ce que j’ajoute : avec Titus il courut ensuite tirer vengeance de la vengeance de l’antique péché, et quand la dent Lombarde mordit la sainte Église, Charlemagne, vainquant sous ses ailes [4], la secourut.
Maintenant tu peux juger de ceux que j’ai d’abord accusés [5], et de leurs fautes, qui sont la cause de tous vos maux. Au signe public [6] l’un oppose les lis jaunes, l’autre l’approprie à son parti, de sorte qu’il est difficile de voir lequel faillit le plus. Qu’exercent les Gibelins, qu’ils exercent leurs manœuvres sous un autre signe ; mal suit celui-là toujours qui le sépare de la justice : et que ne l’abatte point le nouveau Charles avec ses Guelfes, mais qu’il craigne les serres qui à un plus fort lion ont arraché le poil. Plusieurs fois
- ↑ Auguste défit Marc-Antoine près de Modène, et fit prisonnier son frère Lucius, assiégé par lui dans Pérouse.
- ↑ Avec Auguste.
- ↑ Ce fut sous Tibère que le Christ, par sa mort, satisfit à la justice de Dieu irrité, et que l’Aigle impérial accomplit ainsi la vengeance du premier péché. Mais les Juifs, qui furent les principaux auteurs de la mort du Christ innocent, en subirent à leur tour la vengeance sous Titus.
- ↑ Sous les ailes de l’Aigle.
- ↑ « Par tout ce qu’a fait de grand l’Aigle impérial, tu peux maintenant juger combien sont coupables, ainsi que je te l’ai dit ceux qui se l’approprient ou à lui s’opposent. »
- ↑ A l’Aigle impérial, signe de l’Empire universel, — selon la doctrine développée par Dante, dans son livre de Monarchiâ, — l’un, le Guelfe, oppose les lis jaunes, c’est-à-dire les lis d’or, armoiries de Charles II, roi de Pouille ; l’autre, le Gibelin, approprie ce signe à son parti, en fait l’instrument des passions et des intérêts particuliers de son parti.