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Page:Dante - La Divine Comédie, trad. Lamennais, 1910.djvu/284

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CHANT SEPTIÈME


Hosanna sanctus Deus Sabaoth,

Superillustrans claritate tuâ

Felices ignes horum Malahoth [1].


Ainsi, retournant vers son chœur, je vis chanter cette substance, qu’enveloppa une double lumière ; et elle et les autres reprirent leur danse, et, comme de rapides étincelles soudain me les voila l’éloignement.

Je doutais et disais : — Dis-lui, dis-lui ; je disais en moi-même, dis-lui, à ma Dame, qui me désaltère avec ses douces paroles.

Mais cette révérence qui s’empare entièrement de moi, seulement à ouïr B et ICE [2] m’inclinait comme un homme pris de sommeil.

Peu de temps souffrit Béatrice qu’ainsi je fusse, et, m’illuminant d’un sourire qui dans le feu rendrait l’homme heureux, elle commença :

« Selon mon apercevance infaillible, tu t’embarrasses en cette pensée, comment une juste vengeance peut être justement punie [3]. Mais je délierai bientôt ton esprit ; toi, écoute, car d’une haute doctrine mes paroles te gratifieront.

En ne supportant pas que, pour son bien, la vertu qui veut, eût un frein, cet homme qui point ne naquit [4], se perdant, perdit toute sa race : d’où infirme l’humaine espèce demeurera, durant beaucoup de siècles, gisante dans une grande erreur, jusqu’à ce qu’il plut au Verbe de Dieu

  1. « Hosanna ! saint Dieu des armées, qui illumines de ta clarté les heureux esprits de ces royaumes. »
  2. Au seul nom de BEATRICE.
  3. Comment les Juifs ont pu être justement punis pour avoir accompli la juste vengeance de Dieu, irrité du premier péché.
  4. Adam.