si dévotement me pries de me détacher de cette belle sphère [1] !… »
Après s’être arrêté, le feu béni vers ma Dame dirigea son souffle, parlant comme je viens de dire. Et elle : « O lumière éternelle du grand homme [2], à qui Notre Seigneur laissa les clefs qu’en bas il apporta de cette joie merveilleuse [3] ! Eprouve celui-ci des points ou légers ou graves, selon qu’il te plaira, touchant la foi par laquelle tu marchais sur la mer. S’il aime bien, et bien espère et croit, ne t’est point caché, ta vue pénétrant là où se voit peinte toute chose. Mais puisque ce royaume s’est fait des citoyens par la vraie Foi, il est bon que, pour la glorifier, tu viennes lui parler d’elle. »
Comme le bachelier, jusqu’à ce que le maître ait proposé la question, ne parle point, mais s’arme pour l’approuver, non pour la terminer [4] : ainsi m’armai-je de toute raison [5] pour me préparer à un tel interrogateur et à une telle profession [6]. « Dis, bon Chrétien ; explique-toi : la Foi, qu’est-ce ? » Sur quoi je levai le front vers la lumière d’où ceci émanait ; puis je me tournai vers Béatrice, et elle me fit promptement signe de répandre au dehors l’eau de ma fontaine intérieure. — Que la grâce, commençai-je, qui permet que je me confesse devant le grand Primipile [7], fasse que clairement j’exprime mes pensées. Et je continuai : — Comme
- ↑ Le sens n’est pas achevé : il faut évidemment sous-entendre, avec le P. Lombardi, quelque chose connue : « me voici prêt à te complaire, à faire ce que tu demandes. »
- ↑ Saint Pierre.
- ↑ De ce séjour de joie.
- ↑ « Pour la discuter, non pour la décider. » — Suivant les interprètes, approuver la question, c’est montrer, par ce qui peut être dit pour et contre, qu’elle est à bon droit proposée. Peut-être pourrait-on dériver approvare de prova, et alors, ayant le sens de chercher, produire des preuves, il renfermerait aussi celui d’approbation.
- ↑ « Je me munis de toute sorte d’arguments. »
- ↑ A répondre à un tel interrogateur, et à faire une telle profession de foi.
- ↑ Chez les anciens Romains, le premier centurion, celui qui commandait les primipilaires.