Page:Dante - La Divine Comédie, trad. Lamennais, 1910.djvu/359

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d’une telle foi je n’ai pas seulement des preuves physiques et métaphysiques, mais me la donne encore la vérité qui d’ici plut par Moïse, par les prophètes et par les Psaumes, par l’Évangile, et par vous qui écrivîtes après que l’ardent Esprit vous eut faits saints. Et je crois en trois Personnes éternelles, et je les crois une essence si une et si trine, qu’à la fois elle admet sunt et est [1]. De la profonde nature divine que maintenant je touche, plusieurs fois empreint mon esprit l’évangélique doctrine [2]. Ceci [3] est le principe, ceci est l’étincelle qui ensuite se dilate en une vive flamme, et, comme une étoile dans le ciel, en moi scintille. Comme le maître qui écoute ce qui plaît, sitôt qu’il se tait embrasse son serviteur, lui rendant grâces de la bonne nouvelle, ainsi, chantant et me bénissant, trois fois me ceignit l’apostolique lumière, au commandement de laquelle j’avais parlé, tant mon dire lui plut.


CHANT VINGT-CINQUIÈME


S’il advient jamais que le poème sacré, auquel a mis la main et le ciel et la terre, et qui m’a, durant plusieurs années, amaigri, vainque la cruauté qui me retient hors du beau bercail où je dormis agneau [4], ennemi des loups qui lui font la guerre, avec une autre voix alors, avec une autre toison [5] poète je retournerai, et, sur les fonts de mon baptême, je prendrai la couronne [6] ; parce que dans la foi qui

  1. Le pluriel et le singulier tout ensemble.
  2. « Plusieurs passages de l’Evangile impriment dans mon esprit cette notion. »
  3. Cette foi.
  4. On voit que Dante espérait que la renommée de son poème lui rouvrirait les portes de Florence.
  5. Non plus avec l’habit de simple citoyen ou de magistrat, mais avec le vêtement du poète.
  6. La couronne de lauriers décernée aux poètes.