Page:Dante - La Divine Comédie, trad. Lamennais, 1910.djvu/390

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en degré, comme en les nommant je vais descendant de feuille en feuille dans la rose ; et du septième degré en bas, comme d’en haut jusqu’à lui, se succèdent les femmes Hébreuses, partageant la chevelure de la fleur [1] ; parce que, selon que la foi dans le Christ tourna son regard, elles sont le mur qui sépare les sacrés escaliers. De ce côté, où la fleur a mûri toutes ses feuilles, sont assis ceux qui crurent dans le Christ à venir. De l’autre côté, où les demi-cercles sont coupés par des vides, sont ceux qui eurent les yeux sur le Christ venu. Et comme d’ici [2], le glorieux siège de la Dame du ciel, et les autres sièges au-dessous de lui forment cette grande séparation ; ainsi, à l’opposé, celui de Jean [3], qui, toujours saint [4], souffrit le désert et le martyre, et puis l’Enfer pendant deux ans [5] ; et au-dessous de lui, d’ainsi séparer eurent en partage François, Benoît et Augustin, et les autres jusqu’en bas, de gradin en gradin [6]. Ores, admire la Providence divine, en ce que l’une et l’autre face de la foi remplira également ce jardin [7]. Et sache que, du degré qui coupe par le milieu les deux divisions [8],

  1. Des deux moitiés de la rose, l’une, comme il va être dit, est formée des saints qui précédèrent la venue du Christ, et l’autre des saints qui la suivirent. En descendant de degré en degré, ou de feuille en feuille, entre ces deux moitiés, les femmes hébreuses marquent dans la fleur une séparation pareille à la raie qui partagerait les cheveux en deux parties égales de chaque côté de la tête.
  2. De ce côté.
  3. Del gran Giovanni, du grand Jean ; allusion aux paroles de Jésus-Christ : Inter natos mulierum, nullus major Joanne Baptistâ.
  4. Puisqu’il avait été sanctifié dès le sein de sa mère.
  5. Séjourna deux ans dans les Limbes.
  6. Il faut se représenter d’un côté le trône de la Vierge, et au-dessous jusqu’en bas un rang de sièges occupés par les femmes hébreuses ; de l’autre côté, le trône de Jean-Baptiste, et au-dessous, encore jusqu’en bas, un second rang de sièges où sont assis saint François, saint Benoît, saint Augustin, et les autres de gradin en gradin. Ces deux rangs de sièges opposés forment deux murs parallèles, qui séparent les saints d’avant, et les saints d’après Jésus-Christ.
  7. En ce que ceux qui crurent dans le Christ à venir, et ceux qui auront cru dans le Christ venu, seront égaux en nombre.
  8. Les deux demi-cercles. Ce degré est le quatorzième, puisque les personnages dont le Poète a parlé auparavant, occupent les treize premiers.