me semblaient menaçantes. Lui se mut, et ainsi allant, il me dit : « Pourquoi es-tu si troublé ? » Et moi je satisfis à sa demande. « Que ta mémoire conserve ce que tu as entendu contre toi, me commanda ce Sage ; maintenant, regarde ici ! » Et il leva le doigt [1]. « Quand tu seras devant le doux rayon de celle dont le bel œil voit tout [2], par elle tu connaîtras le voyage de ta vie. » Il tourna ensuite à main gauche : nous laissâmes le mur, et vînmes vers le milieu par un sentier qui aboutit à une vallée dont, jusque d’en haut, l’on sentait la puanteur.
CHANT ONZIÈME
Sur le bord d’une haute rive formée d’un cercle de pierres brisées, nous vînmes au-dessus d’un amas de tourments plus cruels, et à cause de l’horrible puanteur qu’exhale le profond abîme, nous nous retirâmes derrière le couvercle d’un grand tombeau, où je vis une inscription qui disait : « Je garde le pape Anastase, que Photin [3] détourna de la vraie voie. »
— « Il convient de retarder notre descente, afin qu’accoutumés un peu à l’infecte vapeur, elle nous soit ensuite moins pénible. » Ainsi le Maître. Et moi : — Trouve, lui dis-je, quelque compensation, pour que le temps ne soit pas perdu. Et lui : « Tu vois que j’y pense, mon fils, dit-il, au dedans de ces rocs sont trois petits cercles, de degré en degré, comme ceux que tu quittes. Tous sont remplis d’esprits maudits : mais, pour qu’ensuite la vue te suffise, entends comment et pourquoi ils sont dans la gêne. De toute malice qui attire la haine du ciel, la fin est l’injustice ;