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INTRODUCTION.

langage, résultat du travail du Poëte pour trouver des images, rapprocher des mots qui convinssent également aux idées diverses à la fois présentes à son esprit, et dont l’effet trop fréquent est de joindre à l’obscurité de la pensée l’obscurité du style.

Quoi qu’il en soit, le poëme entier, sous ses nombreux aspects, politique, historique, philosophique, théologique, offre le tableau complet d’une époque, des doctrines reçues, de la science vraie ou erronée, du mouvement de l’esprit, des passions, des mœurs, de la vie enfin dans tous les ordres, et c’est avec raison qu’à ce point de vue la Divina Commedia a été appelée un poëme encyclopédique. Rien, chez les anciens comme chez les modernes, ne saurait y être comparé. En quoi rappelle-t-elle l’épopée antique, qui, dans un sujet purement national, n’est que la poésie de l’histoire, soit qu’elle raconte avec Homère les légendes héroïques de la Grèce, soit qu’avec Virgile elle célèbre les lointaines origines de Rome liées aux destins d’Énée ? D’un ordre différent et plus général, le Paradis perdu n’offre lui-même que le développement d’un fait, pour ainsi parler, dogmatique : la création de l’homme, poussé à sa perte par l’envie de Satan, sa désobéissance, la punition qui la suit de près, l’exil de l’Éden, les maux qui, sur une terre maudite, seront désormais son partage et celui de ses descendants, et, pour consoler tant de misère, la promesse