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INTRODUCTION.

à Dante, l’horizon se colorait d’une douce teinte de saphir oriental, à mesure qu’on sortait de l’air mort, de l’enfer dont l’aspect avait si longtemps contristé les yeux et le cœur[1].

Mais, pour bien comprendre cet âge intermédiaire entre deux civilisations, ses caractères complexes, le bizarre mélange des éléments divers qui y affluent de sources différentes, et s’y combinent d’une manière souvent si étrange, les causes du mouvement et sa direction, les contradictions apparentes au sein d’une unité réelle de tendance et de vie interne, il faut, secouant les préjugés qui enveloppent l’histoire et en faussent le sens, examiner, dans son origine et ses phases successives, la transformation qui, au prix de tant de labeurs et de douleurs, a produit enfin le monde présent.

On se représente communément les siècles qui précédèrent la chute finale de l’empire romain, comme une époque de dissolution complète de la société tombant pièce à pièce et s’ensevelissant sous les débris des anciennes croyances, des anciennes insti-

  1. Dolce color d’oriental zaffiro
      Che s’accoglieva net sereno aspetto,
      Det aer puro infino al primo giro,
    Agli occhi miei ricomincio diletto
      Tosto ch’ io usci’ fuor dell’ aura morta
      Che m’avea contristati gli occhi c’1 petto.

     Purgat., cant. I. 5 c 0.