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INTRODUCTION.

sée funeste, en a étendu les conséquences aux délits de tous ordres et à leur châtiment, transformé en une sorte de culte expiatoire et de sacrifice humain.

D’une autre part, l’idée de l’absolu, née des abstraites spéculations de la métaphysique, se combinant avec celle du mal, on se figura qu’il existait des péchés inexpiables, éternels dès lors, et dès lors aussi entraînant après soi une punition éternelle. D’où, à l’égard de ces péchés infinis en durée, infinis par le caractère de celui qu’ils offensent, le dogme effroyable de l’éternité des peines :


______Sedet, æternumque sedebit
Infelix Theseus[1].


Ainsi, trois états de l’homme après la mort : l’état de béatitude éternelle pour les justes, l’état d’éternel châtiment pour les pécheurs fixés dans le mal, enfin, pour les pécheurs susceptibles de recouvrer la santé de l’âme, l’état de purification passagère.

Sur ce point, la doctrine chrétienne n’a rien qui la distingue des doctrines antérieures. On la retrouve tout entière dans Platon, et, chose remarquable, en des termes pareils à ceux de l’Évangile :

« La mort n’est, à ce qu’il me semble, que la séparation de l’âme et du corps… Après cette séparation, l’âme demeure telle qu’elle était auparavant ;

  1. Æneid. lib. vi.