non moins profond, l’amour de la patrie. Il déborde de l’âme du Poëte, et lui inspire quelques-uns de ses accents les plus passionnés.
« Hélas ! Italie, séjour de douleur, navire sans pilote dans une grande tempête, non maîtresse de provinces mais bouge infâme.
« Au seul doux nom de sa patrie, ainsi fut prompte cette noble âme à accueillir son citoyen :
« Et en toi maintenant jamais ne sont sans guerre tes vivants, et se dévorent l’un l’autre ceux qu’enferment un même mur et un même fossé.
« Cherche, malheureuse, sur les rivages que baignent tes mers, puis regarde, en ton sein, si de toi aucune partie jouit de la paix[1]. »
Peignant à grands traits les désordres auxquels elle est en proie, il en accuse l’empereur qui, retenu loin d’elle par l’avidité d’acquérir là-bas, l’abandonne aux factions que ne contient aucun frein. Dans une apostrophe véhémente, il mêle la prière, l’invective ; il adjure, il supplie, il montre au monarque infidèle sa Rome qui pleure, veuve, seule, et jour et nuit l’appelle : Mon César, pourquoi me délaisses-tu[2] ? »
Si désolés sont ses accents, si profondes ses angoisses, qu’on le prendrait lui-même pour une de ces âmes en peine qui peuplent les royaumes sombres.