face nulle coulpe. Là reste le corps hideusement broyé, et l’âme s’abîme dans le gouffre éternel.
« Comme les oiseaux qui hivernent vers le Nil, quelquefois se rassemblent en troupe, puis volent avec plus de hâte à la suite l’un de l’autre ;
« Ainsi toute la gent qui était là, se tournant hâta le pas, légère par maigreur et par vouloir.
« Et, comme celui qui est las de courir laisse aller ses compagnons, et doucement va, jusqu’à ce que la poitrine ait cessé de haleter,
« Ainsi Forese laissa partir le saint troupeau, et derrière moi il venait, disant : — Quand te reverrai-je ?
« — Je ne sais, lui répondis-je, combien j’ai à vivre ; mais ne sera, certes, si prompt, que par mon vouloir plus tôt je ne sois à la rive ;
« Car le lieu où pour vivre je fus mis, de jour en jour plus maigre de bien, paraît près d’une triste ruine.
« — Or, va, dit-il ; celui à qui le plus en est la faute, je le vois à la queue d’une bête, traîné vers la vallée où jamais ne s’efface la coulpe ;
« La bête à chaque pas va plus vite, et toujours plus vite, jusqu’à ce qu’elle le brise, et laisse le corps hideusement broyé[1]. »
Au-dessus de ce cercle est celui où les âmes, dans
- ↑ Purgat., ch. XXIV, terc. 22-30.