fleurs et les arbustes que cette terre produit d’elle-même.
« Tandis que vers toi viennent les beaux yeux dont les larmes me firent venir à toi, tu peux t’asseoir, et ensuite aller à travers ces campagnes.
« N’attends plus mon dire ni mon signe ; droit et sain est ton libre arbitre, et ce serait une faute que de ne pas agir suivant son jugement.
« Ce pourquoi, souverain de toi-même je te couronne et te mitre[1]. »
Dante a péniblement traversé deux mondes : le monde inférieur, où le crime sans remords engendre une souffrance stérile ; le monde intermédiaire, où la souffrance unie au repentir relève l’être déchu. De tous ses labeurs, quel sera le prix ? La liberté. Désormais souverain de lui-même, il est roi, pontife, il ne dépend que de soi dans ses actes comme dans ses pensées. Magnifique symbole de l’humanité, du but qu’assignent à son développement les éternelles lois de l’ordre éternel.
Ici se termine la mission de Virgile. Il a conduit Dante au sommet du mont, à l’entrée de la demeure primitive de l’homme, d’où l’exclut lui-même un irrévocable décret. Dante, du front de qui les sept P tracés par l’ange ont été effacés, peut maintenant y pénétrer seul, sans craindre de s’égarer.
- ↑ Purgat., ch. XXVII, terc. 37-47.