cent, lorsque les bords également se courbèrent, de sorte que je marchai vers le Levant.
« Longtemps ainsi nous n’avions pas cheminé, quand la Dame vers moi se tourna, disant : — Mon frère, regarde et écoute !
« Et voilà que, soudain, traversa de toutes parts la grande forêt une lueur telle que je doutai si ce n’était pas un éclair.
« Mais comme l’éclair brille et s’éteint au même instant, et que cette lueur durait, resplendissant de plus en plus, en mon penser je disais : — Qu’est ceci ?
« Et dans l’air lumineux s’épandait une douce mélodie, d’où, pris d’un juste zèle, je gourmandai la hardiesse d’Ève, pensant
« Que là où obéissaient la terre et le ciel, une femmelette seule, et qui venait d’être créée, ne souffrit pas d’être enveloppée d’un voile,
« Sous lequel si, pieuse, elle était restée, je jouirais de ces ineffables délices, goûtées une première fois et bien d’autres fois.
« Tandis que, ravi, j’allais à travers tant de prémices du plaisir éternel, et désirant plus de joies encore,
« Devant nous l’air devint tel qu’un feu ardent, sous les verts rameaux ; et déjà comme un chant le doux son était entendu[1]. »
- ↑ Purgat., ch. XXIX, terc. 1-12.