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Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/242

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L’ENFER.

24. « Moi qui t’envoie, je suis Béatrice : je viens d’un lieu où retourner je désire : m’a mue l’amour qui me fait parler.

25. « Quand je serai devant mon Seigneur, à lui souvent je me louerai de toi. » Alors elle se tut ; puis, moi je commençai :

26. « Ô femme de telle vertu 10, que par toi seule l’humaine espèce s’élève au-dessus de tout ce que contient ce ciel dont les cercles sont plus étroits 11 ;

27. « Si agréable m’est ton commandement, que l’obéir, déjà fût-il, me serait tardif : pas n’est besoin de m’ouvrir ton vouloir davantage.

28. « Mais dis-moi pourquoi tu ne crains pas de descendre en ce centre infime, de l’ample lieu où tu brûles de retourner.

29. « — Puisque si à fond tu veux savoir pourquoi ici dedans je ne crains pas de venir brièvement, je te le dirai, me répondit-elle.

30. « On ne doit craindre que les choses qui ont puissance de nuire : les autres, non ; en elles, nul sujet de peur.

31. « Par sa grâce ainsi Dieu m’a faite que votre misère ne m’atteint pas, et que ne m’assaille point la flamme de cet incendie 12.