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Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/25

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INTRODUCTION.

irrésistible. Les institutions subissaient partout des réformes fondées sur une notion plus élevée du droit ; la sphère des idées s’élargissait ; la morale publique s’épurait ; la législation moins barbare protégeait mieux et les personnes et les propriétés ; les classes tendaient à se rapprocher ; le peuple, en voie d’affranchissement, voyait peu à peu sa misère s’alléger ; les mœurs se polissaient ; les arts jetaient un éclat inouï ; la science, dont la part devait être si grande dans la transformation du monde, naissait. Comme au lever du soleil les froides ombres, le Moyen âge s’évanouissait.

L’esprit de l’Évangile, l’esprit d’amour, n’était pas, certes, étranger à ce prodigieux mouvement, qu’uni au sentiment de la justice et du droit plus parfaitement conçu, il caractérise même de nos jours dans l’ordre le plus élevé et le plus fécond en bienfaits pour l’humanité. Mais si l’on excepte l’influence qu’eut la scolastique sur la métaphysique pure, à laquelle elle ouvrit quelques perspectives nouvelles, en même temps qu’elle servit à développer, en les exerçant, les forces logiques de l’esprit humain, le christianisme théologique, le christianisme organisé dans l’institution extérieure de l’Église, n’a été pour rien dans cette vaste révolution. Au contraire, à mesure qu’elle s’opère la foi s’affaiblit, et plus qu’ailleurs au centre même de la hiérarchie, autour du trône pontifical sur lequel,