Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
INTRODUCTION.

précédé, par le principe d’égalité et de fraternité humaines, et par l’esprit d’amour qu’il répandit dans le monde. Mais le christianisme théologique, le christianisme soumis à l’autorité hiérarchique et constitué par elle, ne contribua en aucune manière au progrès social, et par les discordes, les persécutions acharnées, les guerres atroces qu’il engendra, par les prétentions ambitieuses du corps sacerdotal, l’avarice de ses membres, leur tendance constante à la domination, fut au contraire une source de désordres nouveaux et de calamités nouvelles.

Les barbares n’apportèrent chez les nations qu’ils envahirent aucun élément civilisateur, aucun principe d’organisation supérieure et durable. À leurs vices natifs, la cruauté, la ruse, la perfidie, la cupidité, vices communs de tous les sauvages, ils joignirent les vices des populations subjuguées, qu’ils plongèrent dans un abîme sans fond de misère, d’ignorance, de grossièreté brutale, de férocité, d’anarchie, dont le régime féodal offre le terme extrême.

La société qui sortit de ces ruines, péniblement formée à cause des résistances qu’elle rencontrait de toutes parts, fut le produit lent d’un travail spontané, dépendant des lois immuables de la nature humaine, et dont le fruit se développe à mesure que reparaissent les anciennes lumières, que l’ancienne tradition se renoue, que la civilisation antique, filtrant à travers