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Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/31

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INTRODUCTION.

époque de renouvellement, féconde en résultats immenses. Elle coïncide avec la naissance de ces grandes écoles de jurisconsultes dont les efforts persévérants parvinrent à ruiner la théocratie, et à fonder sur ses débris l’indépendance du pouvoir civil. La même époque vit naître la langue vulgaire, la langue vivante, opposée à la langue morte de la Rome papale, et signe aussi d’affranchissement. De là le réveil de la pensée, de l’esprit d’examen, de discussion, de recherche. Le commerce établit entre l’Orient et l’Occident des relations qui étendent le cercle des idées, adoucissent les mœurs en atténuant les préjugés, développent le goût des arts ; d’où les merveilles de l’architecture à Florence, à Pise, à Venise, la rénovation de la peinture par Cimabué et Giotto, bientôt suivis de ces artistes incomparables qui jamais depuis n’ont été égalés ; les progrès de la musique qui aboutissent, après l’invention de l’harmonie et les chefs-d’œuvre de Palestrina, à la révolution totale due au génie de Monteverde.

Dante occupe à peu près le milieu de cette grande époque pleine de sève et de vie, mais, et par cela même, agitée de violentes commotions. La guerre était partout, entre le pape et les empereurs, entre le pouvoir clérical et le pouvoir laïque, entre la tyrannie féodale, personnifiée dans quelques monstres, et l’esprit de liberté fermentant au sein des populations, entre les républiques rivales, entre les partis dans