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CHANT TREIZIÈME.

32. « Lorsque l’âme féroce quitte le corps dont elle s’est elle-même arrachée, Minos l’envoie à la septième bouche ;

33. « Elle tombe dans la forêt, non en un lieu choisi, mais où le hasard la jette : là elle germe comme un grain d’épeautre ;

34. « S’élevant, elle devient une tige et un arbre silvestre. Les Harpies, se repaissant de ses feuilles, ouvrent un passage à la douleur qu’elles lui font ressentir 9.

35. « Comme les autres nous viendrons rechercher nos dépouilles, mais cependant aucun ne les revêtira ; car il n’est pas juste que l’homme recouvre ce que lui-même il s’est ravi.

36. « Ici nous les traînerons, et dans la lugubre forêt nos corps seront suspendus, chacun au tronc de sa triste ombre. »

37. Nous demeurions attentifs, croyant qu’il voulait dire encore autre chose, quand nous surprit un bruit

38. Semblable au fracas des bêtes et des branches, qu’entend celui qui voit venir le sanglier et la meute qui le suit.

39. Et voilà, vers la gauche, deux damnés nus et déchirés, fuyant de telle vitesse, qu’à travers la forêt ils brisaient tout obstacle.