Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
331
CHANT SEIZIÈME.

7. Quand nous nous arrêtâmes, ils recommencèrent leur antique gémissement, et arrivés près de nous, tous trois firent de soi une roue [1].

8. Et comme, avant de se saisir et de se frapper, les athlètes oints et nus avisent où la proie leur offrira le plus d’avantage ;

9. Ainsi chacun d’eux, en tournant, dirigeait vers moi son visage, de sorte qu’au mouvement du cou celui des pieds continuellement était contraire [2].

10. « Si la misère de ce bas lieu et notre face noire et dépouillée attirent le dédain sur nous et nos prières, commença l’un d’eux,

11. « Que notre renommée ploie ton âme à nous dire qui tu es, toi qui, vivant, meus sans danger tes pieds dans l’Enfer.

12. « Celui-ci, dont tu me vois suivre les traces, et qui tout nu et pelé va, fut d’un rang plus élevé que tu ne crois :

13. « Il fut petit-fils de la bonne Gualdrade ; Guidoguerra [3] était son nom, et durant sa vie, beaucoup il fit avec la tête et avec l’épée.

14. « L’autre qui foule le sable après moi, est Tegghiajo Aldobrandi [4], dont le nom devrait être cher dans le monde.

15. « Et moi, qui avec eux suis en croix, je fus Jacopo Rusticucci [5] et, certes, plus que tout m’a nui ma femme revêche. »