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INTRODUCTION.

lins, ne prévalussent, et que les Noirs, presque tous Guelfes, ne fussent exclus du gouvernement, pressa Charles de Valois de marcher sur Florence. Il y entra avec son armée, mais, au lieu de pacifier les dissensions et de réconcilier les partis, il prit possession de la ville pour son propre compte. Les Blancs furent désarmés, et les Noirs rappelés. Ils revinrent en triomphateurs, ouvrirent les prisons et saccagèrent les maisons de leurs adversaires.

Dante, alors en mission près du pape, pour solliciter son intervention amiable, était le principal objet de leur rage. Une proclamation, publiée le 27 janvier 1302, le condamna à une amende de huit mille livres et à un exil de deux ans, et, à défaut de payement de l’amende, à la confiscation de ses biens, lesquels furent saisis. Là ne s’arrêta point la persécution. Au mois de mars de l’année suivante, un décret le condamna, ainsi que quinze autres Florentins, à être brûlé vif[1].

En apprenant le triomphe de ses ennemis à Florence, Dante quitta Rome immédiatement, irrité contre le pape qu’il soupçonnait de l’avoir retenu par de fausses promesses sur les rives du Tibre, tandis qu’il concertait sa ruine sur les bords de l’Arno. Il se rendit d’abord à Sienne, d’où, pleinement instruit des

  1. Tiraboschi, Stor. della Letter. ital., t. V, p. 418, donne le texte de ta sentence, écrite en latin.