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L’ENFER.

7. « Mais ce que tu ne peux avoir appris, combien ma mort fut cruelle, tu l’entendras, et tu sauras si par lui je fus offensé.

8. « Un étroit pertuis est dans la mue [2] à cause de moi appelée de la Faim, et où il faut que d’autres encore soient enfermés.

9. « Il m’avait, par son ouverture, déjà montré plusieurs fois la lune, quand je tombai dans le mauvais sommeil, qui le voile de l’avenir pour moi déchira.

10. « Celui-ci me paraissait maître et seigneur, et chassait le loup et les louveteaux vers les monts qui empêchent les Pisans de voir Lucques :

11. « Avec des chiennes maigres, agiles et bien dressées, devant lui il avait posté Gualandi, et Sismondi, et Lanfranchi.

12. « Après une plus longue course, fatigués me paraissaient le père et le fils, et il me semblait voir les dents aiguës leur ouvrir les flancs.

13. « Lorsque avant le matin je fus réveillé, j’entendis mes fils, qui étaient avec moi, se plaindre en dormant et demander du pain.

14. « Bien cruel es-tu, si déjà tu ne t’attristes, pensant à ce qui s’annonçait à mon cœur ; et si tu ne pleures pas, de quoi pleureras-tu ?