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INTRODUCTION.

fixer, à se constater visiblement par des écrits. Tout homme doué de quelque invention voulait être entendu au delà des murs de sa ville ; il était tenté de choisir, non pas un de ces patois de l’Italie, mais une langue durable, vivace : il écrivait en langue latine. Ce n’est pas tout ; lorsque le souffle du génie moderne commençait à dominer, lorsqu’il fallut bien se détacher de cette latinité morte, ou qui ne vivait plus que dans les églises et dans les greffes, les premiers hommes qui, en Italie, sentirent en eux quelque talent poétique, pour rendre en langue vulgaire les émotions du cœur, cherchèrent un autre idiome moderne qui leur offrit ce caractère d’unité qu’ils ne trouvaient pas en Italie : le provençal devint pour eux la langue littéraire. Cette influence que la langue des trouvères obtenait en Angleterre par la conquête et l’envahissement politique, la langue des troubadours l’exerça sur l’Italie du nord par le seul pouvoir du goût et de l’harmonie[1]. »

Il y aurait aussi à tenir compte dans le Midi de l’influence que dut exercer la conquête du royaume de Naples par Charles d’Anjou. Celle des Normands ne paraît pas avoir, à cet égard, laissé de traces sensibles.

La Vie nouvelle marque en effet dans la vie de Dante comme une époque de transition, déterminée par la mort prématurée de Béatrice. La passion si constante

  1. Cours de littérature française, tom. I, p. 300.