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Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/57

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INTRODUCTION.

ici ; on sent vibrer les fibres du cœur, on voit couler de vraies larmes. Depuis lors la jeune fille, reçue parmi les bienheureux, devient une sorte d’apparition céleste, un être à demi réel, à demi symbolique. Le poëte a devant soi un modèle idéal où rien de mortel ne subsiste plus. Enfin ses chants s’arrêtent, mais, comme il le fait pressentir, pour recommencer avec plus d’éclat lorsque son génie, dans la plénitude de sa force, lui permettra d’élever le monument qu’il destine à celle dont le souvenir ne devait jamais s’effacer de son âme, ni, grâce à lui, de la mémoire des hommes.

« Après avoir, dit-il, terminé ce sonnet, j’eus une vision extraordinaire pendant laquelle je fus témoin de choses qui me firent prendre la résolution de ne plus rien dire de cette Bienheureuse jusqu’à ce que je pusse parler tout à fait dignement d’elle. Et pour en venir là, j’étudie autant que je peux, comme elle le sait très-bien. Aussi, dans le cas où il plairait à Celui par qui toutes choses existent que ma vie se prolongeât, j’espère dire ce qui n’a jamais encore été dit d’aucune autre ; et ensuite qu’il plaise à Celui « qui est le seigneur de la courtoisie que mon âme puisse aller voir la gloire de la Dame, c’est-à-dire de la bienheureuse Béatrice, qui regarde glorieusement en face celui qui est per omnia secula benedictus. Laus Deo. »