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Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/63

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INTRODUCTION.

points intermédiaires. De là, dans la société, une double tendance, l’une à conserver ce qui est, l’autre à le détruire en le transformant, car rien ne naît sans germe, et, de quelque manière qu’il y soit enveloppé, le germe de l’avenir est dans le présent, qui lui-même eut le sien dans le passé.

Au siècle de Dante, la théologie dominait toutes les autres sciences[1], et avec raison en un sens, puisqu’elle en est la plus générale, qu’elle part de la cause première, universelle et absolue, pour descendre aux causes dérivées et particulières. Indépendante, à ce point de vue, des religions diverses et de leurs dogmes variables, elle se confond néanmoins de fait avec ces religions chez les différents peuples dont elles déterminent les croyances, sur tant de points opposées entre elles. Ainsi, dans le cours des âges se produisirent les théologies égyptienne, brahmanique, mazdéenne, juive, musulmane, chrétienne. Celle-ci dut être nécessairement la théologie de Dante, né chrétien, et qui vécut chrétien sincère.

Pour bien comprendre l’esprit de son temps et ses opinions propres, on ne doit pas oublier que la religion chrétienne se compose d’une doctrine qui est l’objet de la foi exigée, et d’une institution extérieure,

  1. Aussi le titre de « théologien » est-il le premier donné à Dante dans l’inscription inscrite sur son tombeau :
    Theologus Dantes, nullius dogmatis expers.