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INTRODUCTION.

La philosophie naturelle, à proprement parler, n’existait pas encore. Au lieu de rassembler et de classer les faits pour remonter ensuite aux lois qui les enchaînent, elle suivait la méthode directement contraire, substituant l’hypothèse à l’expérience, et au monde réel un monde abstrait, produit fictif de vues à priori et de conceptions arbitraires. Elle procédait de la métaphysique étroitement liée à la théologie de qui elle dépendait, et à laquelle l’école s’efforçait de ramener les idées d’Aristote, mal compris et dont l’autorité ne laissait pas d’être souveraine[1] : d’où une double interprétation du dogme par le philosophe grec, et du philosophe grec par le dogme.

Très-inférieures à ce qu’elles avaient été chez les anciens et même plus tard chez les Arabes, la science du calcul et la géométrie, indispensables aux besoins de la vie dans les civilisations les moins avancées, subsistaient et se perpétuaient par un enseignement principalement fondé sur les livres de Boèce et d’Euclide. En astronomie, Ptolémée régnait exclusivement, et dans l’explication des phénomènes célestes, nul ne songeait ni n’eût osé songer à s’écarter de son système traditionnellement consacré.

Mais à l’astronomie se reliait tout un ordre d’idées à la fois philosophiques et théologiques, dont l’en-

  1. Il gran maestro di color che sanno. (Inf. iv.)